La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

L'enfer de Verdun est bien tiède


Premier tome du second diptyque de la BD historique Ambulance 13, intitulé "Les braves gens".

Les qualités historiques présentes dans le premier diptyque sont encore présentes ici, notamment le balancement permanent entre les évènements du front (ici la bataille de Verdun, au début de 1916) sur lequel Louis-Charles Bouteloup tente de sauver le plus de vies humaines possibles dans un dénuement matériel impressionnant, à fortiori si on le met en regard du nombre presque incroyable des victimes de la conflagration de Verdun, et les efforts (jusqu’à la manipulation, souvenons-nous que Le canard enchainé fut créé en 1915 pour s’opposer à la censure de guerre) du monde politique pour tenter, bien sûr, de gagner la guerre, mais également d’en faire accepter la durée, les pertes énormes, les revers évidents.

Alors que les hommes manœuvrent sur le terrain et sous le déluge d’obus, les politiques le font à l’assemblée, dans les palais nationaux et dans les salons. Ils cherchent, tels des rats dans un labyrinthe, le meilleur commandant en chef, celui qui pourra donner la victoire à la France, et Joffre, le père de la stratégie de « l’offensive à outrance » sent que ses jours à la tête d’une armée française enlisée sont comptés (il sera remplacé par Nivelle en décembre de la même année).

La paranoïa et le déni gagnant, il est nécessaire de trouver des boucs émissaires aux échecs successifs et, la compétence des généraux ne pouvant être si vite mise en cause, c’est vers d’hypothétiques espions allemands que les regards se tournent, bien aidés en cela par une justice militaire aux ordres. L’amie de Bouteloup, d’origine alsacienne, en fait les frais dans cet album.

On assiste aussi dans ce tome à l’apparition de quelques nouveautés dans la guerre.

D’une part, les premiers observateurs américains arrivent, souvent militants pour l’entrée en guerre des Etats-Unis. Ils feront beaucoup, grâce à la presse, pour créer dans leur pays une opinion publique favorable à l’intervention. Les Etats-Unis entreront finalement en guerre en avril 1917.

D’autre part, on voit rouler les premiers tanks. Dès 1916, dans la Somme, les Anglais les utilisent. Et ce n’est qu’en 1917 que ces armes seront utilisées largement par la France au Chemin des Dames.

Enfin, on voit Marie Curie mettre au point l’appareil de radiologie à rayons X qu’elle va ensuite emmener sur le front pour améliorer les chances de survie des blessés. Elle formera pour cela de nombreuses radiologistes et fera équiper 18 voitures de radiologie mobile surnommées « petites Curie ». Les guerres font toujours progresser la médecine. Les auteurs de La brigade chimérique en tireront d’autres conséquences.

Et pourtant, malgré ce fond historique passionnant, l’album est un peu décevant. Trop peu d’action et de tension véritables (une atonie que n’est pas compensée par une description sociologique ou politique qui serait plus approfondie), une bataille de Verdun qui n’est qu’une toile de fond, des situations plus évoquées que véritablement décrites, le tout semble manquer de liant (entre l’avant et l’arrière alors que c’était le point fort du premier diptyque) et d’approfondissement, mais surtout d’énergie. Pour décrire un moment où on en libéra de telles quantités, c’est paradoxal et dommage.
Quoi qu’il en soit, j’achèterai le second volet en espérant qu’il sera plus énergique.

Ambulance 13, t3 Les braves gens, Ordas, Cothias, Mounier

Commentaires

Efelle a dit…
Tiens je viens d'acquérir un diptyque ayant pour cadre le même conflit mais à l'autre bout du globe, au soleil...
Efelle a dit…
Papeete 1914.
Achat en aveugle, on verra bien ce que ça vaut.
Gromovar a dit…
Ca m'intéresse, je me renseigne.